Activités autour du film Dark Waters

Dark waters

Parcours Citoyen

Adopter un comportement éthique et responsable

Compétences : 

  • Identifier les impacts (bénéfices et nuisances) des activités humaines sur l’environnement à différentes échelles.
  • Fonder ses choix de comportement responsable vis-à-vis de sa santé ou de l’environnement sur des arguments scientifiques.
  • Comprendre les responsabilités individuelle et collective en matière de préservation des ressources de la planète (biodiversité, ressources minérales et ressources énergétiques) et de santé.

L’espèce humaine affecte le fonctionnement de la plupart des écosystèmes en exploitant des ressources (forestière par exemple), en modifiant le biotope local (sylviculture, érosion des sols) ou en le changeant globalement (changement climatique, introduction d’espèces invasives).

Rappel sur l’intrigue du film :

Activité 1 : Analyse de la controverse dans le film

Il faut analyser une situation la plus objective possible pour se situer dans le débat. Il s’agit donc d’identifier les enjeux, les risques, ce que l’on sait, ce qu’on ne sait pas, les points de discordes.

A l’aide de la carte mentale ci-dessous, saisir les différentes informations apportées par le film :

 

Groupe 1 : travail sur les incertitudes / certitudes

Quelles sont les certitudes avancées par DuPont ? par Bilott ? par Tennant ?

Quelles sont les incertitudes avancées par DuPont ? par Bilott ? par Tennant ?

Quels sont les biens privés ou les biens communs dans le film : l’industrie Du Pont, la parcelle du fermier, celle de son frère, la nappe phréatique et le réseau d’eau potable ?

Existe-t-il du lobbying ?

Document 1 : Notion de biens privés, biens communs

Les parcelles sont des biens privés, on le voit dans le film avec l’interdiction de pénétrer dans certaines zones privées. D’un point de vue purement économique, DuPont a un droit de propriété sur sa parcelle et peut décider d’en faire l’usage désiré (revente, exploitation, location) de même que le fermier a également un droit de jouissance de son terrain.

Les nappes phréatiques situées sous les parcelles sont des biens communs, on ne peut empêcher personne de bénéficier de leurs apports ou de les exploiter. Si une personne les surexploite ou altère leur qualité, tous les autres usagers potentiels ne pourront plus en bénéficier.

Le réseau d’eau potable de la ville est un bien public :  il est pris en charge par les pouvoirs publics probablement financé par les prélèvements obligatoires locaux et utilisable collectivement.

Document 2 : la loi du marché

Dans le cas de l’entreprise DuPont, on remarque que l’usine pollue.

Son activité économique, la production, génère une perte de bien-être pour au moins un autre agent économique (le fermier voit son bétail mourir et perd du profit), voire pour la collectivité (les habitants voient la qualité de leur santé se détériorer en développant des cancers ou en donnant naissance à des enfants handicapés par exemple). Il n’existe donc pas a priori de dispositif marchand pour dédommager les victimes ou arrêter l’activité polluante. Le niveau de production de DuPont est donc déterminé par des critères purement privés (l’offre et la demande sur le marché des produits qu’elle fabrique, rien d’autre). Plus il y aura de consommateurs désirant acheter les produits de DuPont, plus celle-ci produira et donc polluera.

Document 3 : l’industrie chimique

L’industrie chimique met en circulation dans la biosphère des composés de synthèse (qui n’existent pas à l’état naturel sur Terre) très peu dégradables, voire indestructibles comme le PFOA (acide perfluorooctanoïque). On estime à plus de 100 000 les molécules minérales ou organiques de synthèse mises sur le marché depuis le début de la chimie de synthèse, dont moins d’un tiers ont fait l’objet d’une étude d’impact sérieuse sur l’environnement et la santé humaine.

Comme Rob Bilott l’explique à sa femme Sarah, les applications industrielles du Téflon sont étroitement liées à ses usages militaires pendant la Seconde Guerre Mondiale : revêtement imperméable des chars d’assaut amphibies et joints utilisés dans la construction de la bombe atomique. C’est une constante dans l’histoire de l’industrie chimique (> voir l’entretien avec l’historien : la transformation d’une technologie militaire en un usage civil, permettant la reconversion d’un outil de production devenu obsolète une fois la paix revenue.

Groupe 2 : travail sur les risques/ les enjeux

  • Expliquer ce que sont le PFOA et les substances chimiques persistantes, et leur impact sur l’environnement (animaux, nature, humains). Où trouve-t-on du PFOA ? Est-ce une substance naturelle ? Pourquoi est-ce non biodégradable contrairement au pétrole ?
  • Quelles actions sont mises en place par les pouvoirs publics ? Quel est l’intérêt d’une étude de santé publique ?
  • Qu’est ce que l’agence de protection environnementale ? A t-elle toujours existé ? Existait-elle quand le PFOA a été inventé ?

EPA (Environmental protection agency) : fondée en 1970 (sous la présidence Nixon) suite à la prise de conscience environnementale du public américain au cours des années soixante, cette agence fédérale élabore et fait respecter la réglementation sur l’environnement, finance les programmes environnementaux et la recherche, conçoit et diffuse des campagnes d’information à destination du public américain.

Le PFOA ne se dégrade pas dans l’environnement, et a la particularité de se fixer aux protéines de plasma dans le sang, se répandant dans l’ensemble des organes. Si sa toxicité a été démontrée au dessus d’un certain seuil dans l’affaire DuPont (grâce à une étude épidémiologique de grande ampleur), on soupçonne également le PFOA d’être un perturbateur endocrinien : une substance qui -même à faible dose- a des répercussions sur les fonctions biologiques de l’être humain.

Produit entrant dans la composition du Téflon, le PFOA (« per-fluorooctanoate » en français) avait été mis au point par la société 3M qui le fournissait depuis 1951 à DuPont. Inconnu des instances de régulation fédérales, le PFOA n’était l’objet d’aucune réglementation. 3M a cessé la production de PFOA en 2000 au profit d’un procédé moins polluant. DuPont a attendu 2013 (bien après le déclenchement de l’affaire) pour s’y résoudre également. On sait aujourd’hui que l’on retrouve l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), le produit dont il est question dans le film, dans le système sanguin de près de la totalité des êtres vivants sur Terre, dont 99% des humains. Les composés apparentés au PFOS (perfluorooctane sulfonate) et au PFOA ont un large éventail d’applications dans de vastes catégories : traitement de surface, papier peints, revêtements comme ceux destinés à l’emballage alimentaire,  produits chimiques de haute performance comme les mousses anti-incendie, les vêtements Gore-Tex, les tapis, l’intérieur des voitures, les meubles, les cires pour sols, films photographiques, nettoyants pour prothèses dentaires, shampooings, etc.

Il est possible que ces composés soient libérés dans l’environnement aquatique par le biais de sources ponctuelles (industrie et station d’épuration) et de sources diffuses (ruissellement de surface et atmosphérique), et qu’ils soient bioaccumulés dans les chaînes alimentaires. Ils deviennent ainsi un risque potentiel pour la santé des hommes et des animaux.

L’exposition à ces composés entraîne :

  • une accumulation, principalement dans le sérum et le foie, provoquant une hépatotoxicité,
  • un risque accru de certains cancers (au niveau de l’appareil reproducteur masculin, cancer de la vessie)

Les rejets directs des industries et la consommation de mousse aqueuse de lutte contre l’incendie ont été considérés comme les principales sources de PFC (perfluorocarbures) dans les eaux de surface. Le ministère de la santé du Minnesota, aux États-Unis, a été un des premiers en 2005 à définir des concentrations minimales acceptables dans l’eau potable : PFOS : 1 µg/L et PFOA : 7 µg/L. Ces valeurs ont été relevées en 2007 à 0,3 mg/L pour le PFOS et à 0,5 mg/L pour PFOA (3M 2005). La demi-vie du PFOS et de PFOA  dans l’organisme humain a été estimée respectivement à 8,5 ans et de 1 à 3,5 ans. Malheureusement, les procédés actuels de traitement de l’eau ont été jugés inefficaces pour éliminer les PFC des eaux de surface et des eaux usées.

Téflon est la marque déposée en 1951 du polytétrafluoroéthylène (PTFE) de la société américaine Du-Pont. Ce polymère thermoplastique est utilisé pour son grand pouvoir anti-adhésif dans des domaines aussi variés que l’automobile, l’aviation, l’espace, l’électronique, la médecine, le photovoltaïque… Mais c’est son utilisation pour les ustensiles de cuisine (la première poêle à frire utilisant le Téflon est commercialisée en 1951 aux États-Unis) qui va en faire un immense succès commercial, notamment grâce au français Marc Grégoire, le fondateur de la société Téfal (contraction de Téflon et aluminium). La popularité du Téflon l’a fait entrer dans le langage courant : on parlait à propos de Ronald Reagan de « président Téflon » sur lequel les critiques n’avaient pas de prise.

Les polluants organiques persistants (POP) sont des composés organiques qui restent intacts dans l’environnement pendant de longues périodes, extrêmement résistants à la dégradation en raison de leurs liaisons carbone-fluor très fortes. Ils s’accumulent largement dans les tissus adipeux des organismes vivants et sont toxiques pour l’homme et la faune. Ces composés ont été détectés à l’échelle mondiale dans les tissus de poissons, d’oiseaux et de mammifères marins. On parle de bioaccumulation.

Groupe 3 : Rôle joué par les acteurs de la controverse

Identifier les personnages, leurs activités, leurs problématiques respectives et formuler d’éventuelles remarques sur les difficultés qu’ils rencontrent. Indiquer également s’ils ont des liens avec les autres acteurs (opposition, alliance, etc.)

  • Robert Bilott : Que découvre Robert Bilott au fur et à mesure de son enquête sur la société DuPont ? Comment l’affaire DuPont affecte-t-elle la vie privée et professionnelle de Bilott ? Pourquoi n’a-t-il pas abandonné ? Pensez-vous que Robert Bilott est un héros ? Pourquoi ? Quel défi représentait l’affaire ? En quoi son parcours dans le cabinet lui a été utile dans cette affaire ?
  1. Bilott : Au moment où Wilbur Tennant le contacta, Robert Bilott travaillait comme avocat au sein du prestigieux cabinet d’avocats d’affaires Taft, Stettinius & Hollister (fondé en 1885), et s’apprêtait à passer associé. D’extraction modeste, Bilott était un modèle d’ascension sociale, mais aussi un esprit libre qui n’avait pas été formaté comme ses collègues passés par les universités de « l’Ivy League ». Au sein du cabinet, Robert Bilott s’était spécialisé dans le droit de l’environnement, aidant les grandes compagnies de l’industrie chimique à se mettre en conformité avec les nouvelles législations environnementales entrées en vigueur dans les années 70 (Safe Drinking Water Act, Clean Air Act, Toxic Substances Control). Il avait eu l’occasion d’apprendre et de comprendre le système complexe des lois et des réglementations qui régit les déchets toxiques ou dangereux. En acceptant de défendre Wilbur Tennant, il passe définitivement de l’autre côté de la barrière.

Le combat de Robert Bilott s’est étalé sur près d’une vingtaine d’années et tient de la guerre d’usure plutôt que du morceau de bravoure. C’est en parcourant les dizaines de milliers de page de documentation fournies par DuPont sur ordre de justice que Robert Bilott découvrit que la firme était parfaitement consciente de la toxicité du produit, depuis près de quatre décennies : dès 1961 des tests avaient été menés sur des animaux, puis sur les employés de DuPont. Cela n’avait pas empêché la société de déverser des milliers de tonnes du produit dans la nature. Voir l’interview de R.Bilott sur le DVD

  • l’entreprise DuPont et Phil Donelly : Listez toutes les stratégies utilisées par l’entreprise DuPont pour ralentir / arrêter l’enquête de Bilott. Quels sont ses intérêts ? Pourquoi n’a-t-elle rien dit pendant plus de 40 ans ?

Société Du Pont : créée en 1802 aux États-Unis par le français E.I. du Pont de Nemours (aristocrate de l’Ancien Régime ayant fui la Révolution), la société DuPont est devenue l’un des plus grands groupes mondiaux de l’industrie chimique. À l’origine spécialisée dans la fabrication de poudre à canon, elle a marqué l’histoire du XXe siècle en développant des matériaux innovants tels que le Nylon, le Kevlar, le Lycra et bien sûr le Téflon. DuPont emploie aujourd’hui 65 000 personnes dans le monde et est la 237e plus grande société aux États-Unis. Mais la firme figure aussi au deuxième rang des pires pollueurs atmosphériques aux États-Unis, selon le classement 2016 de l’Institut de recherche en politique économique de l’Université du Massachusetts.

DuPont et ses avocats ont joué sur tous les ressorts pour entraver la manifestation de la vérité : formalisme juridique, failles de la réglementation, différences de législation entre états, délais de prescription, sans même parler de moyens extra-légaux (pressions et intimidations).

Phil Donnelly cache depuis plusieurs années des informations au sujet de l’utilisation et le rejet de produits chimiques dangereux sur son site de production situé en Virginie. Il redoute d’avoir à payer des dommages et intérêts aux victimes et la baisse de profit générée par l’interdiction de l’utilisation du produit dangereux.

  • Wilbur Tennant : quel est son rôle ? Le comparer à Robert Bilott : en quoi sont-ils similaires/ différents ?

Joe et Darlene Kiger : quels rôles jouent-ils ? En quoi vont-ils faire passer l’affaire à un  niveau national ?

Joe et Darlene Kiger incarnent le « deuxième acte » du combat contre DuPont, qui le firent changer d’échelle et passer au niveau national. Avec l’aide de Robert Bilott, ils portèrent plainte au nom des 70 000 riverains de Parkersburg qui consommaient depuis des décennies de l’eau contaminée au PFOA, ouvrant la voie d’une action de groupe (class action) contre l’industriel. C’est dans la ferme de Wilbur Tennant, dans la région de Parkersburg, en Virginie Occidentale (West Virginia), un des états les plus ruraux de l’Est des États-Unis, que commence « l’affaire DuPont ». Mais c’est à Cincinnati, Ohio, dans les tours du « downtown » (le quartier d’affaires) et le cabinet Taft, qu’elle prendra corps juridiquement. Il est le « lanceur d’alerte » à l’origine de toute l’affaire : exploitant avec ses quatre frères et sœurs une exploitation laitière dans la région rurale de Parkersburg (Virginie occidentale), à la tête d’un troupeau de plus de 200 vaches, Wilbur voit sa vie basculer quand, au début des années 80, son frère Jim vend à la firme DuPont un terrain en amont de son exploitation. Il ne tarde pas à voir la santé de son bétail se dégrader dans des proportions alarmantes, et soupçonne les rejets de la décharge installée par DuPont sur le terrain vendu par son frère. Ne trouvant d’aide ni auprès des administrations locales, ni auprès des journalistes, il ira frapper à la porte de Robert Bilott, le petit-fils d’une de ses voisines. Wilbur et sa femme Mildred, tous deux atteints d’un cancer, sont morts respectivement en 2002 et 2004.

 

  • Sarah Bilott : “Je sais que c’est à moi de te soutenir » dit Sarah Bilott à son mari. Commentez le rôle assigné aux femmes dans cette histoire. C’est l’ homme qui a le caractère principal et elle le second rôle : est-ce un cliché ? Que doit-elle gérer dans sa famille ? Quelles sont ses relations avec son mari ?

 

  • Tom Terp : L’entreprise a tendance à se protéger elle-même. Les individus respectent les lois, gardent le silence ou ignorent les informations qui remettent en question leur vision du monde et la structure du pouvoir. Tom est allé contre cela. Comment a-t-il aidé Robert Bilott ? Etait-il partant au départ ? Quel est le rôle joué par le cabinet Taft?

 

A vous de vous exprimer !

Dans le cadre du brevet, l’épreuve orale porte sur un objet d’étude abordé dans le cadre de l’enseignement d’histoire des arts ou un projet mené dans le cadre d’un enseignement pratique interdisciplinaire (EPI) ou dans le cadre d’un parcours citoyen. Vous pouvez donc choisir de présenter votre Parcours Citoyen. Le film sert de point de départ à votre réflexion éco-citoyenne et vous devez montrer :

  • qu’il vous a donné envie de découvrir et/ou de mieux connaître un lieu qui vous tient à cœur.
  • qu’il a déclenché chez vous à  une réflexion sur un sujet environnemental

Sujet de présentation : Imaginez que vous soyez un réalisateur engagé. Que dénonceriez-vous ?

Écrivez une scène, un texte de votre propre film dénonçant / exposant une situation  en relation avec un sujet portant sur l’environnement qui vous préoccupe.

Ex : le réchauffement climatique, la nécessité d’économiser l’eau, la pollution de l’air, les pesticides, les OGM, le glyphosate, la disparition des abeilles, des vers de terre, des hérissons, etc…

Les problèmes soulevés sont-ils toujours d’actualité ?

Pouvez-vous présenter d’autres films ayant la même portée / le même objectif ?

Sujet de présentation : Vous avez la chance de vivre à Vienne. 

En 1904, le maire Dr. Lueger écrit : «afin d’assurer durablement les conditions sanitaires de notre ville ainsi que pour la conservation du cadre paysager magnifique […] je veux établir une ceinture permanente de forêts et de prairies à la périphérie […]».

Avec l’exemple de votre choix (Parc National de la Lobau, Réserve de biosphère du Wiener Wald, approvisionnement en eau de la ville, Parc du Prater, etc) expliquer en quoi ce projet est toujours d’actualité.

 


 

Lien vers la correction

Source : Réaliser la cartographie d’une controverse pour éduquer à la complexité des enjeux

Fiche pédagogique de zero de conduite

Et bien sûr moi même 🙂